Une belle remise à l’eau








Philosophie pêche au saumon

Colaboration de Gilbert Fournier de la société de guides au saumon de Matane

Quel pêcheur sportif n'a pas vécu l'étrange sensation d'être saisi par un saumon qui vient de prendre la mouche ? Le summum est atteint lorsque le saumon déploie son instinct combatif par de valeureux sauts hors de l'eau et/ou par une course effrénée vers l'amont ou l'aval pour tenter de retrouver sa liberté.

Quel défi pour le pêcheur sportif !!!

« Salmo Salar » en montaison ...

Si Dame Nature apporte sa contribution lors de sa lancée printanière pour que la neige en forêt puisse fondre lentement afin de maintenir un bon niveau d'eau dans nos rivières, la prochaine montaison sera excellente pour le saumon à la recherche de sa rivière natale.

Auparavant, le roi des eaux douces aura à parcourir en mer des milliers de kilomètres depuis le Groenland en évitant d'être la proie de prédateurs tels le requin et le phoque. Mais ce ne sont pas les seuls : il devra déjouer les filets des bateaux de pêche commerciale et les manœuvres peu scrupuleuses des braconniers pour se retrouver devant chutes et rapides, seuls obstacles naturels qu'il franchira avec détermination.

C'est bien connu, grâce à son extraordinaire sens de l'orientation, Salmo revient toujours se reproduire dans les eaux de la rivière qui l'a vu naître comme le veut son incontournable cycle de vie. Le qualificatif « anadrome » signifie qu'il naît en rivière, qu'il la quitte pour aller vivre en mer quelques années et qu'il revient s'y reproduire pour assurer sa postérité.

La période de montaison défie encore les propos scientifiques attribués au saumon pour son sens d'orientation : nord magnétique, étoiles et courants marins le conduisent jusqu'à l'embouchure de sa rivière où à l'aide de son odorat extrêmement sensible, il reconnaît l'odeur de celle qu'il avait mémorisée à son départ pour la mer. Chaque rivière a sa propre odeur qu'elle doit particulièrement aux substances, en très petite quantité, de vitamines et métaux nécessaires au fonctionnement d'organismes vivants.

Salmo franchira par la suite encore des dizaines kilomètres en eau douce pour finalement atteindre son lieu de reproduction que l'on nomme « frayère» pour vivre la période du «frai» .


La reproduction de « Salmo Salar »

La période de reproduction donne lieu à une métamorphose physiologique importante chez le saumon. Précédent le « frai » , la coloration de sa robe devient de plus en plus fonçée et la mâchoire inférieure du mâle s'allonge pour former un crochet. Mais le changement majeur se situe au niveau de la fonction organique de l'alimentation, car il ne mange pas durant tout son séjour depuis son arrivée de la mer.

Le saumon remonte à la tête de sa rivière à la recherche d'un endroit peu profond, recouvert de gravier fin et où l'eau sera claire et bien oxygénée. La tâche de creuser les nids revient à la femelle et le mâle s'appliquera à surveiller jalousement ce territoire en éloignant tout intrus. Avec des mouvements saccadés de sa queue, la femelle construira de six à huit nids qui constitueront la frayère.

La femelle peut pondre jusqu'à 8000 œufs en moyenne et le mâle les recouvrira de sa laitance pour la fécondation. Ces oeufs seront enterrés et ce n'est seulement qu'au printemps suivant après que la température de l'eau se soit quelque peu réchauffée, que les alevins vésiculés issus de ces œufs, entreprendront le cycle de la vie afin d'assurer la postérité. Des recherches tendent à démontrer que seulement quatre ( 4 ) d'entre eux reviendront à leur tour dans cette même rivière afin de perpétuer l'espèce.

Leur vésicule, à l'allure d'une bedaine, est en quelque sorte une réserve de nourriture et se nomme «sac vitellin» qui disparaitra dès que l'alevin se nourrira de larves ou de nymphes. Il deviendra par la suite un «tacon» qui se transformera en «saumoneau».

Cette période d'abstinence que le saumon s'impose pour la période de reproduction peut lui être fatal s'il n'est pas vigoureux pour retourner à la mer lors de la crue printanière. Il aura beaucoup changé et sa réserve de graisse étant fondue, il s'en trouve amaigri : on le qualifie de saumon noir...

Le saumon retrouvera vite la direction du Groenland où les aires d'alimentation sont abondantes afin de se refaire une santé et reprendre à nouveau le chemin de sa rivière natale pour de nouveau susciter l'admiration des pêcheurs sportifs qui le côtoient dans son environnement.



GALERIES DE PHOTOS :

Photos diverses »
Remise à l'eau »
Sauts de saumons »